Association des Officiers de Réserve de la Marine Nationale



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Embarquement sur le Cassard

Gare de Lyon, dimanche 14 juin 2009, 11 h 36. Entre les multiples panneaux d’annonces de la gare, plusieurs jeunes officiers de marine se retrouvent sur le quai du TGV, quelques minutes avant le départ. Après avoir renseigné quelques voyageurs cherchant leur train – la casquette nous donne des airs de chef de gare, les neuf membres de l’Acoram prennent place à bord, après que le responsable du groupe leur ait délivré les dernières consignes.

Arrivée à Toulon.

À l’issue d’un voyage placé sous le signe de la bonne humeur et dans une ambiance de franche camaraderie, le TGV s’arrête enfin à Toulon où une chaleur accablante s’abat sur des dos déjà bien chargés.
Nous rejoignons ceux qui étaient arrivés auparavant et nous voici en quête de taxis qui accepteront de mener des marins avec de nombreux bagages dans l’arsenal, sur le quai où la frégate Cassard est amarrée. En traversant l’arsenal, l’air n’est plus le même. L’uniforme s’emplit d’io­de, et les récits et aventures tant contés par nos formateurs, nos anciens et nos camarades, commencent à refaire surface… Sur le quai nous admirons déjà les coques grises qui nous entourent, heureux de pouvoir connaître la Marine sous cet angle, après l’avoir connue dans les dédales de l’École militaire et les couloirs de la Rue Royale.

L’embarquement.

Enfin, un par un, dans les règles de la Marine, chacun embarque, du moins gradé au plus gradé. Un salut au pavillon, du côté de la poupe, lance le signal de la poursuite de la formation au métier de marin. Un officier nous accueille et nous confie à des membres de l’équipage pour nous guider dans les coursives qui seront nos murs pendant ces prochains jours. Direction nos quartiers, éparpillés dans tout le bord, avant de nous retrouver pour une première visite de la frégate. La connaissance du compartimentage devient vite évidente, merci aux formations reçues le samedi après-midi en formation PMS… Les premiers contacts ont déjà révélé la qualité de l’accueil et la sympathie de l’équipage au travers de ceux qui nous ont reçus.
L’intrigue peut donc maintenant commencer. Pour certains, jeunes réservistes tout juste sortis de formation, il s’agit de la première mission embarquée sur un bâtiment de la Marine, tandis que pour les autres c’est toujours une joie renouvelée, mêlée à une découverte permanente. Mais pour l’équipage, l’intrigue sera toute autre?: qui sont ces réservistes ? La mission est donc fixée, à savoir quatre jours pour se connaître, apprendre et comprendre.

Objectif immersion

Quatre jours pour apprendre et partager. Le délai est court mais l’équipe Acoram a pour mission de relever le défi. Visites, rencontres formelles et informelles avec l’équipage, quarts, participation aux exercices, présentation de ses compétences et participation au briefing, le réserviste tente par tous les moyens de prendre véritablement part à la vie à bord.

L’organisation

Au rythme des quarts qui découpent la journée et du clairon qui marque ces quarts, l’équipage parcourt le bâtiment pour faire face à ses responsabilités : passerelle, couronne de veille, machines, PC sécurité, central opérations, cuisine, infirmerie, etc. L’organisation est primordiale pour le bon fonctionnement du bâtiment. Entre chaque exercice, il faut entretenir le bâtiment. Sans cesse, de petits travaux sont nécessaires : piquer, meuler, gratter, poncer, peindre, tandis qu’en cuisine il faut préparer pour chaque repas deux services qui rassasieront les 250 membres d’équipage, mais il faut aussi préparer la prochaine mission, s’occuper de la gestion de l’équipage, former les jeunes recrues… Aucun mouvement n’est inutile, tout est programmé, et le briefing du soir qui relate les faits de la journée permet surtout de prévoir les missions futures et délivre l’emploi du temps du lendemain.
Chacun est à sa place dans son poste et participe à la sécurité de tous, à l’harmonie de la vie à bord, une condition sine qua non pour la réussite de la mission. C’est la vie en équipage…
La polyvalence. Rapidement, on se rend compte que cette organisation n’est possible que parce que ces multiples postes reflètent la polyvalence des marins. Outre leur métier pour lequel ils ont été formés, ils remplissent des tâches pour le bon fonctionnement du quotidien, sans oublier la formation permanente. Le ma­rin a plusieurs casquettes qu’il enfile successivement.

Le professionnalisme

L’organisation et la polyvalence s’appuient sur le professionnalisme des marins. Ils ont acquis ce professionnalisme par une solide formation entretenue par de nombreux entraînements. Cela permet d’assurer la bonne marche du navire dans toutes les situations, même les plus imprévues. Le bâtiment ne peut être opérationnel que grâce à ce professionnalisme qu’aucune machine ne pourrait remplacer. En mer, espace d’indétermination, le marin doit être à même
d’affronter toutes les situations possibles, qu’elles touchent au bâtiment lui-même, à sa conduite ou sa mission, mais aussi à son environnement plus ou moins rapproché, dans le cas des appels de détresse par exemple.
Au « poste de combat » pour des exercices missiles. Les marins sont conscients de leur mission, l’équipage entier est mobilisé. La tension est vive au « Central opérations », en passerelle les manœuvres sont encore plus délicates, en couronne de veille l’attention est à son comble pour surveiller l’horizon… D’autres exercices et entraînements s’enchaînent : « Oscar à la mer », pour récupérer un homme tombé à la mer, l’occasion d’une formation par le médecin du bord ; formation de jeunes officiers en passerelle ; exercices incendie ; exercices d’hélitreuillage et d’appontage, de jour comme de nuit.

L’esprit d’équipage

Au rythme de cette activité incessante, l’embarquement file sur la méditerranée, de récits en explications, de consignes en découvertes. Au milieu de cette intensité, le réserviste parcourt la frégate, partageant des quarts, pour poser des questions, découvrir, comprendre, sans gêner la bonne marche du navire. Expressions marines à retenir, sigles à décortiquer, règles à connaître et échanges avec l’équipage. En tout poste, en toute circonstance, l’ambiance du bord est sérieuse et amicale. Le sourire accompagne les tâches attribuées et la camaraderie agrémente un quotidien très exigeant. À la table du commandant comme dans les coursives, à la passerelle ou sur le pont, les questions que l’on pose se joignent aux questions que l’on nous pose?: le réserviste, son origine, sa fonction et son rôle, ses motivations. Autant de zones d’ombre à éclaircir !

Le réserviste, un marin d’eau douce ?

Souvent inconnue, trop souvent mal connue, la réserve suscite des questions, des appréhensions, des préjugés. Un marin sans formation maritime mais avec un uniforme de marin ne peut que soulever des interrogations. On le voit rarement, on entend peu parler de lui, et pourtant il travaille pour la Marine.
Le réserviste a un rôle similaire à celui du marin d’active : servir l’État dans l’outil qu’est la Marine nationale, comme aime à le souligner le chef d’état-major de la Marine.
Le réserviste, expert dans son domaine (communication, sécurité, télécommunications, ressources humaines, géopolitique ou droit, pour ne citer qu’eux) est donc directement opérationnel pour certains postes.
À la fois civil et militaire, il a choisi de mettre à profit ses compétences pour la Marine après une formation qui lui a fait découvrir le monde de la Défense et de la Marine. Entre conférences, entraînement bref chez les fusiliers à Lorient, visites d’un large panel de bâtiments, le réserviste a commencé à apprendre. Rien ne saura lui donner l’étendue de la culture et de l’expérience d’un marin d’active – qu’il ne pourra d’ailleurs jamais égaler –, mais il partage avec lui la polyvalence, le professionnalisme et la camaraderie. Et les embarquements y contribuent significativement. Découvrir la mer avec un équipage représente donc pour le réserviste le moyen le plus fort pour mener à bien ses contrats opérationnels. Embarquer c’est apprendre et toujours renforcer sa culture marine, mais c’est aussi donner du sens aux missions qui lui sont confiées dans les contrats qu’il signe avec la Défense. Qu’il s’agisse des JAPD, des contrats en état-major, des missions de représentation et de rayonnement, des missions d’appui logistique ou de soutien pour des dispositifs dans des unités à terre (sémaphores, surveillance, etc.), de missions embarquées, de mission extérieures ou de toute autre forme d’engagement, le réserviste est un marin pour qui l’uniforme a un sens, le même que celui qui pousse à embarquer.
EV2 Emmanuel-Marie Peton

Nous voulons ici remercier l’équipage du Cassard pour son accueil et sa disponibilité, son esprit d’équipage dans la meilleure tradition Marine, et pour ce qu’il nous a fait partager, avec le sourire, témoignage fort du lien qui peut unir les hommes dans des missions où l’on sert les autres.

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