Dans un contexte économique difficile et face à la nécessité de redressement des finances publiques du pays, l’année 2013 aura été une année déterminante pour nos armées avec la parution le 29 avril 2013 d’un nouveau « Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale » et les travaux sur le projet de loi de programmation militaire 2015-2019. Un nouveau cap à la trajectoire de la défense est fixé qui réoriente ses activités et l’avenir de nos armées.

S’exprimant devant les membres du Conseil Supérieur de la Réserve Militaire (C.S.R.M.) réuni  en séance plénière le 24 septembre 2013, M. Jean-Yves Le Drian, ministre de la défense, a réaffirmé la place de la réserve militaire, partie intégrante de notre modèle d’armée.

La réserve militaire, sous sa forme actuelle, trouve son origine dans la loi du 28 octobre 1997 qui a consacré la suspension du service national et a mis fin à toute obligation relative à la réserve. La loi n° 99-894 du 22 octobre 1999 portant organisation de la réserve militaire et du service de défense, modifiée par la loi n° 2006-449 du 18 avril 2006 a instauré les nouvelles dispositions relatives à la réserve dont le concept d’emploi a été profondément transformé. La France est ainsi passée d’une réserve de masse, liée à la conscription, à une réserve d’emploi, complément indispensable d’une armée professionnelle.

Cette nouvelle réserve militaire, composée d’hommes et de femmes qui ont choisi de servir la nation, fondée essentiellement sur le volontariat, repose sur deux composantes complémentaires, la réserve opérationnelle et la réserve citoyenne.

La réserve opérationnelle comprend des volontaires issus de la société civile ou des retraités militaires ayant souscrit un contrat d’ESR (Engagement à servir dans la réserve) et les anciens militaires soumis à obligation de disponibilité pendant cinq ans à l’issue de leur service actif.

Ce sont des militaires professionnels à temps partiel.

La réserve citoyenne accueille ceux qui souhaitent agir au profit de la défense agréés par l’autorité militaire en raison de leurs compétences, de leur expérience ou de leur intérêt pour les questions relevant de la défense nationale. Ils sont collaborateurs bénévoles du service public.

Aujourd’hui près de 30 000 réservistes opérationnels (hors gendarmerie) servent les armées en moyenne pendant une vingtaine de jours par an et un peu moins de 2 000 réservistes citoyens participent à l’entretien de l’esprit de défense, au renforcement du lien armée-nation et au rayonnement de la défense.

Au sein des FAZSOI, à La Réunion et à Mayotte, environ 270 réservistes opérationnels des trois armées et du service de santé contribuent à la continuité des missions des forces armées dans la zone en renforçant les capacités des forces d’active dans des domaines très variés comme par exemple la protection-défense dans le cadre du plan Vigipirate, le gardiennage des bâtiments au mouillage,  le soutien vie et le soutien santé, l’aide au recrutement et l’information des jeunes lors des forums des métiers, les journées Défense et Citoyenneté (JDC), les périodes militaires d’initiation ou de perfectionnement à la défense nationale (PMIP-DN), l’animation des exercices interarmées. Certains réservistes apportent leur expertise et leurs connaissances dans des domaines spécifiques comme linguistes, conseillers juridiques ou par exemple en lutte anti-pollution.

Le 2ème RPIMa possède une unité constituée de 134 réservistes, la 2ème compagnie ou compagnie « Bourbon ». Elle a vocation à assurer des missions simples  de sécurité générale et de secours aux populations. Son cadre d’emploi le plus probable est celui de la « défense sur le territoire ». Constituée essentiellement de réunionnais, elle est le lien entre le régiment et la population de l’île et joue un rôle fort d’intégration des armées à la Réunion.

La réserve citoyenne interarmées des FAZSOI regroupent aujourd’hui 67 réservistes (16 « Terre », 15 « Air », 10 « Marine » et 26 « Service de santé des armées »). Ces réservistes bénévoles sont très actifs. Ils s’impliquent dans des actions de sensibilisation des décideurs civils sur la défense, notamment auprès des correspondants défense des communes et des chefs d’entreprise,  d’aide au recrutement dans l’armée d’active et dans la réserve, d’insertion des jeunes formés au RSMA-R (Régiment du Service Militaire Adapté de la Réunion), d’aide à la reconversion des anciens militaires par un accompagnement personnalisé, de communication  et de lien avec la société civile pour la préparation de la JNR (Journée Nationale du Réserviste); ils contribuent encore au devoir de mémoire en particulier dans le cadre d’un projet de création d’un musée militaire des FAZSOI dans le fortin de la Redoute.

Issus de la société civile, les réservistes citoyens couvrent un large spectre professionnel : chefs d’entreprises dans des domaines variés, juristes, économistes, professeurs, médecins, journalistes, artistes, membres de collectivités territoriales,… Ils sont un pont entre les FAZSOI et la société civile réunionnaise, le monde économique local. Ils contribuent pleinement à l’intégration des armées et au rayonnement de la défense dans la zone.

Ainsi, à La Réunion et à Mayotte, la réserve militaire joue pleinement le rôle qui lui est dévolu au sein des FAZSOI. Proactive, elle saura s’adapter aux nouvelles orientations et s’intégrer pleinement dans le nouveau modèle d’armée resserré et recentré sur son coeur de métier. Son rôle de lien entre les armées et la société civile sera renforcé et son efficacité accrue en étant mieux connue de nos concitoyens. Dans des îles très éloignées du territoire métropolitain, le renforcement de l’esprit de défense auquel contribue la réserve militaire, renforce le sentiment d’appartenance de la population  à la communauté nationale.

CV(r) Patrick Bouteiller – Délégué à la réserve citoyenne interarmées des FAZSOI

* FAZSOI : Forces Armées dans la Zone Sud de l’Océan Indien